Une semaine
remplie d’émotions diverses. Avec enthousiasme je débute la semaine au CREN du
CMS de Dô. Par contre, j’apprends que mon homologue ne sera pas présent pour
les journées suivantes car elle travaille de soir et l’autre responsable du
CREN est en congé maladie. Je me retrouve donc avec la Tatie qui ne veut pas
travailler au CREN. Il lui reste que 4 ans à travailler donc elle a décidé de
rester. Vous pouvez vous imaginez qu’elle n’est pas motivée et comme en bon
québécois s’en fou pas mal du travail. Étant donné qu’ici les personnes âgées
sont protégées, il n’est pas possible d’intervenir. Les responsables du CREN
ont tenté en vain de lui parler pour améliorer la situation. Alors, la journée
suivante a été longue mais le lendemain je suis allée à la rencontre nationale
de la Nutrition.
Certains événements m’ont surprise car les
mœurs ne sont pas les mêmes. Par exemple, à l’arrivé du gouverneur tous se sont
levés et nous lui avons serré la main. Ensuite, il a fallu que tous dans la
salle se lève et se présente. Cela prendrait trop de notre temps pour le faire
chez nous haha, les petites étiquettes épinglées sont plus rapides. On remarque
ici la différence de culture. Je dois aussi avouer que les statistiques
présentées ne sont pas toujours claires mais dans l’ensemble la rencontre m’a
permis d’apprendre sur le problème de malnutrition au Burkina Faso. La 5e
cause de décès chez les enfants moins de 5 ans est la malnutrition. La
malnutrition aigu modérée (soit le poids (kg) sur la taille (cm) est entre 80
et 70 %) se retrouve chez 8% des enfants et la malnutrition aigu sévère (soit
le poids (kg) sur la taille (cm) est inférieur à 70%) se retrouve chez 1,2 %
des enfants. Pour contrer à cette problématique plusieurs centres CREN ont été
formés dans les CSPS et d’autres au niveau communautaire. Étant donné le peu de
revenu, les organisations essaient de responsabiliser les gens de la communauté
en choisissant des volontaires pour la détection des malnutris. Ils prennent
les gens du village car il est ainsi plus facile d’approcher un plus grand
nombre de population. Les personnes du village auront plus confiance en ces
volontaires qu’au médecin ou infirmier. L’organisation forme les volontaires
avec un petit bracelet identifié par 3 couleurs. Ce bracelet de papier permet
de mesurer le périmètre brachial et la couleur rouge signifie une malnutrition
aigu, la couleur jaune à risque de malnutrition aigu et le vert pour un enfant
sans malnutrition. Les couleurs sont utilisés car seulement 46% de la
population sont alphabétisée. Lorsque la malnutrition est identifiée les
volontaires dirigent la famille vers un CSPS ou CEN (cellule en nutrition) pour
la prise en charge de l’enfant. L’enfant est pesé et mesuré.
Le programme de
rééducation et éducation nutritionnelle consiste à donner du lait de l’UNICEF à
raison de 8 repas par jour. De plus, l’éducation des femmes au sujet de
l’alimentation du nourrisson se déroule lors de causerie avec les autres
femmes. Les causeries sont des salles ou les femmes se rencontrent pour discuter
et une animatrice amène un sujet. Différents sujets sont abordés :
planification familiale (moyen de contraception), diarrhée, alimentation saine,
hygiène et salubrité et autres. D’autres organisations ne donnent pas du lait
mais ils font plutôt une démonstration de préparation de bouilli pour l’enfant.
La bouilli préparée est à base d’aliments locaux : farine de sorgho,
farine de Niébé (fruits secs), farine d’arachides, poudre de lait(si les moyens
sont disponibles), d’huile et d’un supplément de vitamines et minéraux. Lors de
la rencontre cette méthode était préconisée car souvent il y a rupture des
stock de lait UNICEF.
Lors de cette
rencontre, j’ai eu aussi la chance de connaître certaines croyances des
différents peuples. On m’a expliqué que les gens animistes croient en des
génies. Mais le terme génies n’a pas la même symbolique que chez nous. Génies
signifient un démon. Alors, il n’est pas rare de voir un père retiré son enfant
du centre CREN car il dit que son enfant est un génie et il doit mourir auprès
de sa mère. La cause du génie serait parce que la mère durant sa grossesse
aurait fait un travail interdit ou encore ses pieds se sont baignés dans l’eau
où un mort est passé ou encore que simplement un génie a pris la possession de
l’enfant. Dans c’est situation malheureusement rien ne peut être fait.
Cependant, il arrive que lorsque le père est parti de la maison pour une longue
période la mère revient avec l’enfant au centre CREN. Suite à la
réalimentation, l’enfant reprend appétit, les œdèmes diminuent, l’apparence de
vieillard s’estompe et le sourire revient. Enfin, l’enfant est sauvé et le père
enchanté revient pour savoir comment le centre a sauvé son enfant.
Au courant de ma
semaine, j’ai visité un autre centre CREN celui de Accart-ville. J’ai rencontré
plusieurs femmes dont une qui a des triplets !!! Wow ! Quel courage ! Sur les
trois deux d’entre eux sont malnutris à l’œil. Ils ont présentement 13 mois et
malheureusement ils ont toujours de la difficulté à se tenir debout. Je fais
cette remarque car dans le groupe il y avait un autre garçon de 13 mois et il
marchait déjà et avait un très bon tonus musculaire. À ce
centre, les femmes préparent la bouillie par elle-même, pendant la cuisson il y
a causerie et après c’est l’heure de nourrir les enfants car les pleures
commencent. Ouf que du travail pour la mère au triplet ! Dès qu’elle nourrit un
l’autre pleure ! et le troisième est au sein ! Nous avons essayé de lui
apporter de l’aide mais les enfants refusaient la bouillie exceptée lorsque
c’était maman qui la donnait ! ihhihihi ! Adorable ! J’ai goûté à la bouillie
et je dois vous avouer que c’est très bon ! Je me la préparerais bien pour mon
petit déjeuner !
Dernière journée
de la semaine, j’ai appris un peu plus de Dioula ! Je n’ai pas le choix car les
femmes que nous recevons ne parlent pas français. Les bébés que nous avions
libérés le lundi sont revenus !!! J’étais très heureuse de les revoir car
souvent on ne revoit pas ses femmes. Les bébés allaient bien et ils reprennent pour
le mieux ! Une discussion avec le mari des jumeaux a permis de faire comprendre
au père la problématique du jumeau malnutri. De plus, la question de diminuer
la procréation a été abordée mais mal reçu par le père. Ils ont 6 autres
enfants à la maison en plus de deux jumeaux mais très peu de moyen. Pour
l’africain sans argent, ce sont les enfants qui sont la richesse. Les enfants
sont perçus comme une main d’œuvre donc une plus grande production. Par contre,
il faut nourrir ses enfants et cette conception n’est pas prise en
considération malheureusement. Donc, il est fort possible que cette dame
retombe enceinte prochainement ! On y peut rien ! Mais le maximum est fait
celui de la transmission du message ! Je comprends de plus en plus cette
impuissance que le personnel ressent !
J’ai appris
dernièrement qu’il arrive que les médecins du CMA cotisent pour donner des
soins à un patient. Cette situation arrive lorsqu’un patient en état critique
et que ni lui ni sa famille ne peuvent déverser aucun montant d’argent afin
d’avoir une transfusion de sang par exemple. C’est ce que l’on appelle de
l’entraide à l’état pure. Il n’est pas rare que faute d’argent ou de matériel
une personne meure. C’est ce qui s’est passé dans la nuit de jeudi dernier et
cela affecte beaucoup l’équipe. Source de frustration, d’impuissance et de
découragement. Mais comme j’ai toujours dit le sourire persiste !
Bon! Les travaux
ménagers m’appellent et faire la lessive à la main occupe pas mal de mon temps
! hahaha ! En passant, je suis un peu en manque d’inspiration alors écrivez
moi vos interrogations pour mettre du
contenue à mon blog !